Dossier

Du massacre à l'aménagement

Mise à jour le 18/11/2016
La loi de 1792 sur les biens nationaux fut une cause de pertes irréparables pour l'art français et, plus que n'importe quel quartier, celui du Luxembourg eut à en souffrir car il comprenait des ouvrages remarquables. Saint-André-des-Arts fut abattu en 1800, suivi par le couvent des Chartreux sur lequel furent aménagées les rues de Fleurus et d'Assas, dont l'utilité était contestable, en un lieu où le taux de population était loin d'être élevé. Les Grands-Augustins firent place à la rue du Pont-de-Lodi. COUVENT DES CORDELIERS Des Cordeliers, il ne subsista que le réfectoire ; le reste des admirables bâtiments du XIIIe siècle fut remplacé par la place de l'Ecole-de-Médecine. Les Bénédictines de Notre-Dame-de-Consolation furent chassées et leurs bâtiments détruits pour faire place à la rue d'Assas. Le séminaire de Saint-Sulpice disparut pour ouvrir une place qui ne fut dégagée que près de quarante ans plus tard. L’œuvre d'utilité publique qui devait résulter de toutes ces destructions ne fut réalisée qu'avec une lenteur qui contraste singulièrement avec l'empressement que l'on mit à détruire ce que le génie des siècles précédents avait laissé.
Le régime impérial est, sur ce point, particulièrement coupable d'inertie. Le pont des Arts, vieille idée reprise de celle de l'architecte Le Vau, fut réalisé dans des dimensions très largement insuffisantes et si nous lui trouvons aujourd'hui un charme poétique, dû en grande partie à sa finesse, les contemporains de Napoléon et l'Empereur lui-même le trouvaient " mesquin " et tout à fait indigne du collège des Quatre-Nations dans lequel on venait d'installer l'Institut. La rue de Tournon fut prolongée jusqu'à la rue de Buci mais, là encore, avec des proportions indignes de celles que lui avaient donné les siècles passés. Le percement du début de la rue Racine, entre la place de l'Odéon et la rue Monsieur-le-Prince, achevait le projet de Peyre et de Wailly pour la place du Panthéon. Même si l'on considère que l'ouverture des rues de Fleurus et d'Assas furent des vues d'avenir, on peut, cependant, mettre en doute l'efficacité de la politique impériale si Ion ajoute qu'ayant décidé, en 1811, la construction du marché Saint-Germain, l'Etat n'avait pratiquement rien fait en 1815.
C'est donc Louis XVIII qui hérita du lourd fardeau de dettes laissées par l'Empire et qui, cependant, put mener à bien la construction du marché Saint-Germain. Ce magnifique bâtiment, œuvre d'art et d'utilité publique, fit disparaître l'infect cloaque qu'était devenu le sol de l'ancienne foire Saint-Germain. Tout autour du marché, on construisit de vastes et beaux immeubles, seuls témoins pratiquement intacts de la principale œuvre d'urbanisme de la Restauration sur cette partie de la capitale. D'autre part, Louis XVIII prit soin de remettre les œuvres d'art amassées par Lenoir dans son Musée des monuments français qu'il avait installé dans les bâtiments des Petits-Augustins, aux endroits où elles se trouvaient avant la Révolution. L'ancien couvent ainsi libéré devint l'École des beaux-arts, mais son aménagement ne fut commencé que peu de temps avant la révolution de 1830. Seule, la petite rue des Beaux-Arts fut ouverte afin de donner un passage sur la rue de Seine.
La monarchie de Juillet fut plus fertile en réalisations L'architecte Duban se vit confier la construction de l'École des Beaux-Arts tâche qu il accomplit avec un goût et une discrétion qui font encore l'admiration. Les cours et les jardins furent décorés des restes de ce que le vandalisme abattait sans vergogne à Paris et en province : la tour de l'hôtel La Tremoille, la splendide arcade de l'hôtel de Torpane, le portique du château d'Anet survivent dans les jardins, témoins impuissants du saccage des siècles passés. Dans la rue Racine que l'on acheva en 1840 l'architecte Constant-Dufeux éleva le portail de l'École des arts décoratifs et plus au sud, l'ancien hôtel de Vendôme fut doublé d'un nouveau bâtiment qui devait abriter l'École des mines. Le palais du Luxembourg siège des grands procès politiques du régime, fut agrandi par l'architecte Alphonse de Gisors qui, sans faire œuvre créatrice, se plia au modèle de Salomon de Brosse et ajouta les deux ailes méridionales qui reproduisent, avec peu de modifications, l'ancienne façade. C'est le même architecte qui dressa les plans de l'orangerie du Luxembourg qui devint par la suite, le musée bien connu. Le grand séminaire de Saint-Sulpice commence par Godde sous la restauration, fut achevé et dressa sa longue façade un peu triste en face de la curieuse fontaine élevée par Visconti d'après celle des Innocents. Ce fut vers 1847 que l'on se préoccupa d'achever la place Saint-Sulpice, en y élevant la nouvelle mairie Les travaux de dégagement étaient terminés et les fondations commencées lorsque éclata la Révolution de 1848.
Le palais du luxembourg
Un grand nombre de bâtiments administratifs et scolaires nous dirons d'utilité publique, ont été commencés ou achevés entre 1815 et 1848, mais, pas plus que les régimes précédents, la monarchie de Juillet n'osa ouvrir les grandes percées dont la rive gauche de la Seine avait grand besoin. Seule, la rue Bonaparte, ouverte entre 1835 et 1844 forma, à une petite échelle, la première des grandes percées du XIXe siècle.

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